Dans un silence pesant, à peine troublé par les sanglots discrets et quelques mots prononcés avec émotion, la marche organisée en mémoire de Mehdi Bassit s’est tenue à Bully-les-Mines. Ses proches, à l’origine de cet hommage, avaient demandé aux participants de porter du bleu et du rouge, les couleurs de l’Olympique Lyonnais, club que Mehdi soutenait avec passion. Tous ont respecté ce choix, comme un ultime clin d’œil.
Sur le parvis, la foule s’est massée sans bruit. Trois proches ont pris la parole : Kévin et Djoulliette, deux amis de longue date, et Samira Gauduin, sa sœur. La voix tremblante, cette dernière a tenu à remercier d’abord la municipalité. « Merci à la commune de Bully-les-Mines et à Monsieur le Maire, qui nous accompagne depuis le début. Merci aussi à ses équipes, mobilisées sans relâche, et aux amis de Mehdi qui ont œuvré pour que cette journée soit digne de lui. »
Puis, d’une voix plus serrée encore, elle a poursuivi : « Merci surtout à vous, sa communauté. Ceux qui l’aimaient comme un frère, un ami, un pilier. Mehdi était un rayon de soleil. Avec lui, impossible de s’ennuyer : il avait ce don rare de transformer l’ordinaire en moment inoubliable. C’était l’amusette du quartier, du centre aéré, de la place. Mais surtout, c’était un père attentionné, profondément tendre avec ses filles. »
Le moment de recueillement a vite laissé place à un message plus grave. Celui d’un combat : contre le harcèlement, et plus particulièrement contre sa forme numérique. Samira a exprimé ce que beaucoup ressentaient : « Mehdi subissait une pression constante. Il faisait face à un acharnement quotidien, sans pause. Et chacun ici peut comprendre à quel point cela l’a affecté. Car le cyberharcèlement, ce ne sont pas juste des messages malveillants derrière un écran. Ce sont des insultes répétées, des moqueries qui deviennent virales, des humiliations publiques. Des rumeurs, des commentaires destructeurs, des silences qui pèsent. Ce n’est ni virtuel, ni anodin : c’est réel, et c’est grave. »
Dans la foule, le silence s’est fait plus dense encore, comme si chaque mot pesait. « Il y a toujours une personne derrière l’écran. Un cœur. Une vie. Quelqu’un qui peut, un jour, se retrouver seul et en détresse. Mehdi est connu, alors sa disparition fait du bruit. Mais chaque jour, dans l’anonymat, d’autres vivent ce calvaire. Il faut que cela cesse. Il est temps d’agir : éduquer, protéger, sanctionner. »
La cérémonie s’est conclue par une minute de silence, respectée avec recueillement, suivie d’un lâcher de ballons. Des ballons rouges et bleus se sont élevés lentement dans le ciel, porteurs de pensées, de souvenirs, et d’une promesse : celle de ne pas oublier.
Une enquête a été ouverte sur son décès.